Mâcher des glaçons peut sembler anodin, voire rafraîchissant. Pourtant, cette habitude n’est pas sans conséquence pour la santé bucco-dentaire. Elle s’apparente à une parafonction orofaciale, c’est-à-dire un comportement répétitif sans utilité fonctionnelle. Comme se ronger les ongles ou se mordre les joues, croquer de la glace peut entraîner des effets néfastes à long terme.
Tout d’abord, les glaçons représentent un danger mécanique évident. Leur dureté augmente le risque de fracture dentaire, surtout au niveau des incisives et des canines. Ce geste peut aussi endommager les restaurations dentaires comme les couronnes, les composites ou les facettes. Ces matériaux ne sont pas conçus pour résister à une telle pression. Par ailleurs, l’action répétée de mâcher peut perturber les articulations de la mâchoire, provoquant douleurs ou tensions musculaires.
En plus de l’aspect mécanique, le froid intense provoque un choc thermique. Ce dernier peut agresser la pulpe dentaire, la partie vivante de la dent, et provoquer une hypersensibilité marquée. Les gencives ne sont pas épargnées. Les arêtes dures et coupantes des glaçons peuvent créer des microlésions, parfois responsables d’une rétractation gingivale. À terme, cela expose la racine des dents, augmentant les risques de douleurs et d’infections.
Au-delà des impacts dentaires, ce comportement peut révéler un trouble plus profond. Manger compulsivement de la glace porte un nom médical : la pagophagie. Cette forme particulière du syndrome de Pica se manifeste souvent chez les personnes souffrant d’une carence en fer. Une étude réalisée à La Réunion a mis en évidence ce lien chez certaines femmes jeunes. Dans ce cas, un simple bilan sanguin peut suffire à confirmer l’anémie, souvent réversible par une supplémentation.
Enfin, certaines personnes utilisent les glaçons comme coupe-faim. Mais l’effet est temporaire et n’a aucun impact réel sur la perte de poids. Pour ceux qui souhaitent abandonner cette habitude, il existe des alternatives comme la glace pilée ou les feuilles de menthe congelées. Si le comportement persiste sans cause médicale, un accompagnement psychologique peut s’avérer utile. En résumé, croquer des glaçons n’est ni anodin, ni sans risque.